« Les statistiques sont incapables de rendre compte de ce qui se passe dans le milieu des jeunes qui nous intéresse. Elles essaient de quantifier les difficultés, les problèmes, mais derrière chaque numéro, il y a une vie en jeu, et souvent le drame de la recherche du pain quotidien.(« Du rêve au projet » éditions Don Bosco, P.Heriberto Cabrera, 2003)
Néanmoins, en 2003, on dénombre 4 600 enfants qui vivent dans la rue à Tananarive (la capitale)!
Le centre Mandrosoa-Anjanamasina accueillent des jeunes issus pour la plupart de milieux sociaux très pauvres. Beaucoup n’ont jamais eu la chance (ou plutôt le droit) de vivre au sein d’une famille stable et dans des conditions décentes.
« C’est pour cela qu’avant de juger un jeune comme « maditra » (en malgache « méchant, mauvais…), il faudrait écouter l’appel et la souffrance qui s’expriment à travers un comportement considéré selon nos critères comme inadapté. » (Citation du P.Heriberto Cabrera).
Les enfants et adolescents accueillis sont âgés de 7 à 18 ans et sont là pour une durée très variable. Certains jeunes restent deux mois, d’autres plusieurs années.
Situation judiciaire des jeunes
Effectif général: 80 jeunes accueillis âgés de 7 à 18 ans.
Situation judiciaire des jeunes du centre:
Tout les jeunes accueillis sont considérés comme en danger physique ou moral. Ce sont avant tout des victimes: Victimes d’abandons, jeunes vivants à la rue, orphelins, viol, prostitution, maltraitance physique, enfants-esclaves etc…
Cependant, au niveau judiciaire, on peut distinguer:
– Les « cas sociaux » Ils n’ont commis officiellement aucun délits ou crimes. Ils sont là pour leur protection et provisoirement (en attendant que les assistants sociaux trouvent une solution d’accueil pour eux.) (env 15%)
– Les « cas pénaux de délit »: Ils ont commis des petits délits plus ou moins graves. (La plupart des délits sont des vols (vol à l’étalage), des bagarres ou de la consommation de cannabis.) (env 70%) Une plainte a été dépose contre eux. Ils attendent pour la plupart leur procès.
– Les « cas pénaux de crime »: Ce sont des jeunes arrivées suites à des actes à caractère grave: agressions sexuels, homicide etc..Cette catégorie de jeunes ne représente qu’un petit pourcentage des jeunes présents. (env 15%). Certains attendent leur procès, d’autres sont ici comme mesure alternative à la prison.
Pour résumer, ces jeunes ont certes pu commettre, pour certains, des actes délinquants parfois même grave mais leur principal tort est celui de n’avoir pas eu la chance d’être respecté dans leur droits.
Situations sociaux-économiques des jeunes
Sur les 80 jeunes présents, la plupart sont issu de milieux très défavorisés. « C’est tout le contexte de la pauvreté économique qui est à la base de ce que vivent les jeunes: sans argent, pas d’éducation; sans argent, pas de soins médicaux; sans argent, pas de nourriture.. Sans argent, l’unique objectif dans la vie devient la survie, et ce, à n’importe quel prix (par exemple la prostitution). » (P.Heriberto Cabrera)
Un très grand nombre des jeunes placés au centre ont vécu à la rue de nombreuses années et ce depuis leur plus jeune âge. Il n’est pas rare de rencontrer des jeunes qui ont vécu parfois plus de 10 ans à la rue ou dès l’âge de 2/3 ans!
Et, à Antananarivo, vivre à la rue comporte de nombreux dangers physiques et moraux!
Les jeunes passent leurs journées à vagabonder dans les avenues de la capitale avec un objectif unique: survivre une journée de plus.
Or, la rue est une pépinière de fléaux en tout genre. Par exemple, certains vidéos-clubs diffusent gratuitement des films pornographique aux jeunes de la rue. Et ces jeunes sans éducation aux valeurs morales, sans affection, en viennent à commettre parfois des actes très graves comme le viol. Les statistiques montrent d’ailleurs que l’âge des agresseurs sexuels diminue, le cas d’enfants de 8/9 ans qui violent des petites filles en groupe nous le confirment!
C’est pour cela que tout les enfants du centre, quelle que soit leur vécu ont le droit à être accompagné et à être respecté dans leur Droits.