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Une année auprès des jeunes détenus de Metz-Queuleu…Témoignage

Adeline est bénévole depuis bientôt un an au sein de l’association, elle nous fait part de son expérience…

« Au mois de juillet, cela fera un an que je suis bénévole au sein de Grandir Dignement, et je ne compte pas m’arrêter maintenant ! J’ai connu l’association lors d’une exposition dans ma fac. J’ai remarqué le stand de Grandir Dignement avec ses photos colorées et tous ses objets posés sur une table. Quand on m’a expliqué les actions de l’association, ça m’a tout de suite intéressé. J’ai donc donné mon mail, je suis allé par la suite à la première réunion et mon bénévolat commençait. Les mineurs incarcérés, et donc en difficultés sociales, a été le point qui m’a intéressé dans l’association. En effet, ce public est en adéquation avec le public avec lequel j’ai l’intention de travailler à la fin de ma formation professionnelle.

Avant ma première intervention, je me posais certaines questions, et j’avais quelques appréhensions. Comment les jeunes allaient nous accueillir ? Allaient-ils être « hostiles », respectueux, intéressés ? L’endroit clôt et très sécurisé de la maison d’arrêt peut susciter un certain stress, mais mes interrogations étaient plus orientées vers le comportement des jeunes.

C’est dès cette première intervention que j’ai été, majoritairement, agréablement surprise. Ces mineurs ont un respect énorme, et une curiosité très développée par rapport à l’association. Le feeling est bien passé dès les premiers instants et l’ambiance a vite été détendue. J’ai pu remarquer également qu’ils étaient très dissipés et qu’il allait être difficile de les accrocher à un atelier. Ce constat ne m’a pas pour autant décourager, car même s’il est difficile de les intéresser, leur intérêt pour Grandir Dignement et leur dynamisme suffisent à ne pas baisser les bras.

Aujourd’hui, je peux dire que j’aime intervenir auprès de ces jeunes. La relation privilégiée que nous avons avec eux a permis d’établir un lien de confiance. A travers les ateliers, ils échangent avec nous, nous font part de leur ressentit par rapport à la vie intra-muros, à leur vie à l’extérieur, et à leur manière de voir les choses en général.

Pour beaucoup de jeunes, je remarque leur intelligence et je reste étonnée de les savoir en prison. Ils ont, chacun, d’une manière différente, des qualités humaines qui retourneraient beaucoup l’opinion publique ! En effet, penser que s’ils en sont arrivés là, c’est qu’ils le méritent, est aux antipodes de la réalité. Il faut savoir que ces jeunes, pour la plupart, ne bénéficient pas d’un milieu favorisant la stabilité qu’un adolescent a besoin. Ils sont, pour ainsi dire, livrés à eux même face à cette période délicate de la vie. Doit-on les blâmer alors pour un manque dont ils ne sont pas responsables ? Je n’occulte pas la responsabilité de leurs actes, ils se doivent de les assumer, mais on ne peut pas leur demander cette maturité sans une volonté de les comprendre. Et c’est en comprenant un peu leur parcours, qu’on les comprend eux. Quand ils sentent cette ouverture de notre part, une bonne relation est en place.Grandir Dignement apporte cette relation aux jeunes, et porte un autre regard sur eux. Ils apprécient la position qu’adopte l’association vis-à-vis de leur situation.

Pour ma part, ce bénévolat m’apporte une expérience, professionnelle mais surtout humaine extrêmement intéressante, et me pousse à remettre sans cesse en question mes différents points de vue.»