Maison Centrale Antanimora – Antananarivo

[Les dates et les noms ont été changés]

Découvrez le témoignage d’un jeune accompagné par l’association à Madagascar :

« Quand j’étais petit j’allais à l’école et je suis resté jusqu’à la classe de seconde. J’ai appris à lire, écrire, compter là-bas. Dans mon quartier on faisait des balades, du foot, du rugby, on regardait aussi ces sports à la télé : c’était bien. Ce que j’aime le plus c’est d’écouter de la musique et dessiner.

Au lycée je me souviens qu’il y a eu un problème à cause de la peste. L’épidémie faisait que le lycée fermait toujours alors ça me fatiguait, j’ai dit à ma mère que je ne voulais plus aller à l’école. Ils ont proposé que je fasse une formation professionnelle et j’ai donc fait la mécanique auto.

Quand j’ai grandi, je me suis rendu compte que mon quartier était trop dur. Il y a beaucoup de jeunes qui consomment de la drogue, j’étais un peu influencé par leurs comportements. Plusieurs de mes amis consommaient des drogues comme la cocaïne, le cannabis. Tous les weekends, mon ami et moi on se baladait dans le quartier. Un jour il m’a proposé de voler un téléphone. La première fois c’est lui qui l’a fait et on a fuit ensemble. La semaine d’après, j’allais au stage et j’ai vu une dame qui portait un téléphone alors j’ai fait pareil. J’ai couru avec mais cette fois ci, la police m’a attrapé. Ils ont fait une enquête et ils m’ont emmené au poste de police puis mandat de dépôt et j’ai dû aller à Antanimora (Antananarivo).

Dans le quartier majeur c’était très dur […]. Il y a quatre quartiers, en tout on devait être 4000. Dans mon quartier on était plus jeunes mais on côtoyait aussi les adultes. Il y avait beaucoup de violence et si tu n’as pas d’argent pour leur donner, des adultes t’embêtent.

Je suis arrivé en prison le 13 octobre 2019 et je suis sorti le 13 juin 2020. Je suis resté 8 mois. J’étais un peu au quartier mineur puis j’ai été transféré au quartier majeur. Je me souviens bien de ces dates car ce sont des jours un peu troublants pour moi. Dans le quartier majeur c’était très dur, il y avait beaucoup d’hommes, je ne me sentais pas bien. Il y a quatre quartiers, en tout on devait être 4000. Dans mon quartier on était plus jeunes mais on côtoyait aussi les adultes. Il y avait beaucoup de violence et si tu n’as pas d’argent pour leur donner, des adultes t’embêtent. Il vaut mieux avoir de l’argent à donner si tu ne veux pas de problème. On mangeait seulement du manioc l’après midi. Sans sucre ce n’est pas cool mais je m’étais habitué à avoir faim. Au quartier mineur on avait plus de nourriture comme du riz, des légumes, de la viande apportés par Grandir Dignement.

Après quelques mois je me suis adapté. Mais la vie là-bas restait difficile, surtout le fait de ne pas voir ma famille, mes amis, mais seulement des gens que je ne connaissais pas. J’aidais beaucoup les gens de l’église qui venaient à la prison, en échange ils m’ont aidé à m’adapter à cette vie. J’ai beaucoup appris là-bas même si c’était dur : comment diriger dans l’église, comment aider à faire des cultes, partager la nourriture avec les organisations pour aider les détenus. J’avais déjà eu connaissance de GD au quartier mineur mais c’est vraiment cette organisation qui m’a dirigé vers Grandir Dignement.

Après ma peine, les gens de mon quartier, mes amis, mes voisins, ne voulaient pas me voir. D’après eux, je n’étais pas digne d’être là et je devais rester dans ma maison.

Ma famille avait peur que je continue à fréquenter des malfaiteurs. J’ai donc déménagé, j’habite avec ma tante à la campagne. Mes parents habitent toujours dans ce quartier mais ils ne veulent pas que je vive avec eux. Je les comprends car ça me permet de me commencer une nouvelle vie. Je les remercie pour ça. Si j’étais resté dans ce quartier, j’aurais encore côtoyé des groupes de malfaiteurs qui ont une mauvaise influence sur les jeunes. Je vois ma famille tous les weekends mais je ne reste pas longtemps, juste histoire de discuter avec mes parents. Mais ce sont ma tante et mon oncle qui m’aident et me suivent dans mes études. J’ai revu mon ami avec qui j’avais volé mais il a arrêté de faire ça car il vu ce que je vivais en prison.

Aujourd’hui j’ai de nouveaux objectifs, je vis dans un nouvel environnement, et j’ai de nouveaux amis. Nous sommes tous dans la même situation à GD, personne ne se moque. J’ai beaucoup de nouveaux amis, on fait des voyages, on a des formations professionnelles et des sensibilisations qui nous font grandir.

J’ai conscience que ce que j’ai fais était inutile. Mais à l’époque c’était un peu normal pour moi. Dans mon quartier les jeunes n’ont pas beaucoup d’emplois, ils cherchent des choses à faire. La seule chose qu’ils trouvent c’est le vol, le pickpocket, les braquages de maison. Si la police ne m’avait pas arrêté, j’aurai continué à voler. Je suis content d’avoir trouvé ce chemin finalement.

J’ai eu la mention passable avec 11.50 de moyenne ! Nous avons fait une grande fête au SIMO, j’étais fier.

Je suis arrivé au Service d’insertion en milieu ouvert (SIMO) de Grandir Dignement au mois de juillet 2021.

José, un éducateur du SIMO m’a encouragé à passer le bac en juillet 2022, il m’a aidé pour réviser. J’ai eu la mention passable avec 11.50 de moyenne ! Nous avons fait une grande fête au SIMO, j’étais fier. J’avais un peu de foi pour l’obtenir mais son aide m’a vraiment été bénéfique car je ne pouvais pas étudier à la prison. Récemment j’ai passé les concours pour rentrer dans une université car je veux être gestionnaire. Malheureusement je ne l’ai pas eu. C’est une université privée. José m’a donc conseillé d’aller quand même à l’université publique CNT MAD. Je commence en novembre. J’aimerai créer mon entreprise de produits de première nécessité, c’est pour cela que je veux étudier la gestion. Dans l’idéal j‘aimerai étudier à l’étranger, en France par exemple car j’aimerai que mon entreprise soit internationale.

Je pense que la prison n’est pas un lieu pour les jeunes.

Je souhaite aider mes parents et ma sœur car ils n’ont pas assez d’argent. J’aimerai avoir des nouvelles méthodes de vie comme habiter en ville car j’ai plus d’opportunités et d’expérience. Je pourrai faire des recherches plus poussées qu’en campagne.

Je pense que la prison n’est pas un lieu pour les jeunes. L’état devrait créer plus d’emplois pour les jeunes des quartiers bas car ils n’ont pas de travail et occupent leur temps en faisaient des activités dangereuses et illégales comme les vols, la vente et consommation de drogue, braquages…

Je me demande pourquoi moi j’ai été pris par la police mais ça ma aidé à découvrir d’autres choses, à rencontrer les éducateurs de Grandir dignement, je n’aurai jamais passé mon bac sinon, au mieux j’aurais travaillé avec mon cousin en tant que mécanicien. »

Merci à Luc, merci à José et nos équipes qui l’ont ainsi accompagné et permis de prendre confiance en lui ; un tel parcours ne peut que conforter nos convictions dans l’engagement auprès des jeunes !

🇲🇬 – Journée de l’enfance à la Maison centrale d’Antanimora (MCA) et au Centre de rééducation de Mandrosoa (CRM) – 🇲🇬

À l’occasion du mois de l’enfance, l’équipe éducative de la MCA a organisé le mercredi 29 juin une journée de célébration au quartier mineur d’Antanimora.

Au programme :

-discours des représentant.e.s du Ministère de la justice 🏛️

-concerts 🎶

-spectacles et danses par les mineur.e.s 🤸🏼‍♂️

-présentation des activités des jeunes (poteries, vanneries, agriculture, boulettes de charbon) 🎨

-remise de prix pour trois jeunes fièrement diplômés du premier certificat d’Etat (CEPE) 📝

-distribution de couverture pour les enfants 🧣

-cocktails préparés par les superbes cuisiniers en formation ! 🍰

Le 12 juillet dernier, ce sont les jeunes du CRM qui ont présentés leurs talents lors d’une journée spéciale à l’occasion du mois de l’enfance et de la fête nationale.

Grâce aux activités animées par les intervenant.e.s du Centre toute l’année, les jeunes ont présenté un petit spectacle mélangeant théâtre, chant, musique et danse traditionnelle. Ils ont poursuivi la journée par un bon repas et des jeux extérieurs (pétanque, football, basketball). Ils ont également reçu un panier contenant un biscuit, un savon, une brosse à dent, du dentifrice et un tee-shirt.

Merci à toutes les personnes qui se sont mobilisées pour mener à bien ces belles journées où les enfants ont pu être valorisés dans leur travail et activité quotidienne ! ✨

Les enfants ont le droit de jouer, et c’est aussi le cas pour les enfants privés de liberté.

Dans les différents lieux d’intervention de Grandir Dignement (quartier mineur de la maison centrale d’Antanimora, Diego et Antalaha, ainsi que dans les centres de rééducation de Mandrosoa et Joffreville, des activités de vacances ont été proposées en collaboration avec l’administration pénitentiaire et Grandir Dignement.

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Parce que pour les jeunes accompagnés par Grandir Dignement à Madagascar, le mois de juin rime avec célébrations : le mois de l’enfance et la fête de l’indépendance du pays ! À Antananarivo, Diego, Antalaha et Mahajanga, de nombreuses activités collectives ont été proposées afin de sensibiliser les jeunes sur les droits des enfants. Des activités éducatives et culturelles (courses en sacs, tournoi, danse, kermesse, etc.) ont aussi été à l’honneur sur l’ensemble de ces services . Les jeunes ont également pu participer à des concours de danse, slam, dessin, etc…, avec des prix à la clé. Juste avant la Fête de l’Indépendance, ils ont fait une marche promouvant les droits des enfants et ont pu bénéficier de kits alimentaires . Ce mois s’est clôturé de manière symbolique par une grâce présidentielle, libérant des enfants, ou réduisant des peines. Un grand merci à tous nos partenaires pour ce mois qui a été une belle réussite ainsi qu’aux équipes pour leur investissement à chaque instant.

J’ai fait beaucoup de délits mais je ne les regrette pas. Mais je chercherai le bien car je ne reviendrai plus au passé. Car la violence et les menaces sont devenues mon comportement. J’ai commis tous les vols, suis passé par la prison. Et seule Mary’s Meal était une mère. Payant toutes les dépenses au sein de la prison si on voulait appeler ou parler avec nos mères. Nous sommes heureux d’avoir Mary’s Meals pour soutenir notre vie en prison, ne s’égalisant pas au laisser aller où tout se paie même une minute de conversation.
Nous sommes reconnaissants car malgré le confinement rien n’a empêché les agriculteurs. Il y avait aussi les « briquettés » et les savons. Et même si l’éducation et la bible étaient ennuyantes, on gardait la tête haute car les loisirs nous amusaient.

Et, merci Mary’s Meals pour les repas, sans égoïsme ni distinction de handicap. Nous sommes prêts à évoluer dans la sagesse, ne romprons pas nos promesses mais montrerons nos vulnérabilités.

Il ne s’agit pas trop de la sagesse mais des nombreux repas où tout le monde avait sa part. Sans oublier pendant la quarantaine, le poisson et le poulet qu’on faisait semblant d’ignorer qui revenaient tous au quartier mineur.              

Nous adressons nos remerciements à Mary’s Meals et aux éducateurs, Zoky Erick, Zoky Jacquis, sans oublier Zoky Dinot.
Merci, vous êtes géniaux Grandir Dignement.


Programme
: Défense et accompagnement des enfants en conflit avec la loi en République de Madagascar
Date : dès que possible
Lieu de volontariat : Antalaha
Composition du service :

  • Une Coordinatrice Régionale
  • Un animateur logisticien
  • Deux travailleurs sociaux (intra-muros et post carcéral)

Sous la responsabilité hiérarchique directe de : Coordinatrice Régionale de Grandir Dignement

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Programme : Défense et accompagnement des enfants en conflit avec la loi en République de Madagascar
Date : dès que possible
Poste : Assistant.e de Coordination
Lieu de volontariat : Antananarivo
Composition du service :

  • Une responsable nationale
  • Une responsable juridique et plaidoyer
  • Un responsable administratif et financier (et une assistante administratif et logistique)
  • Un coordinateur technique et logistique
  • Un responsable éducatif et pédagogique
  • Une coordinatrice de programmes

Sous la responsabilité hiérarchique directe de : Responsable nationale de Grandir Dignement


Composition du service : – Une responsable nationale
– Une responsable juridique et plaidoyer – Un responsable administratif et financier (et une assistante administratif et logistique) – Un coordinateur technique et logistique – Un responsable éducatif et pédagogique – Une coordinatrice de programmes Sous la responsabilité hiérarchique directe de : Responsable nationale de Grandir Dignement

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C’est à l’Is’art galerie à Antananarivo que s’est déroulé le 19 Juin dernier, un évènement nommé « Grandir Dignement, In’Zan ? » (« Grandir Dignement, qu’est ce que c’est ? »). 

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Retranscription d’une interview audio.

Tovo Rasoanaivo accompagné de son associé, Luck et en collaboration avec Grandir Dignement (GD) et l’Administration Pénitentiaire (AP) est intervenu au quartier mineur d’Antanimora, auprès des mineurs détenus pour mener un projet d’initiation au cinéma. 

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A Antananarivo, la Liberté Surveillée (LS) (prévue dans les textes depuis 1962 et adaptée au contexte actuel depuis la loi 2016-018,) permet à de nombreux Enfants en Conflit avec la Loi (ECL) de pouvoir éviter l’incarcération et de bénéficier d’un accompagnement d’un éducateur, de rester au sein du cercle familial, de suivre des formations professionnelle adaptées à chacun, et d’ainsi rentrer dans une logique éducative qui éloigne du monde judiciaire.

Face à la hausse continue de jeunes placés sous LS et à la réussite de ce projet-pilote dans la capitale, initié par le Ministère de la Justice, ce dernier va entrer dans sa phase d’extension, afin que d’autres ECL du territoire malgache puissent en bénéficier.

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