Le 14 mai, deux garçons de 14 et 15 ans ont signé un contrat d’exécution de la mesure de réparation à la maison d’arrêt de Niamey où ils étaient détenus pour un vol d’argent. Ainsi, ces deux jeunes ne sont pas allés en détention et ont à la place procédé à la remise de l’argent. Cette réparation a été accompagnée d’une interdiction de fréquenter leurs amis et le lieu du vol, une solution pragmatique et adaptée, ainsi qu’un suivi psychosocial de 3 mois, des visites à domicile et appels téléphoniques. Les travailleurs sociaux de Grandir Dignement ont soutenu les jeunes dans la mise en œuvre d’un projet de vie, et de séances de médiation familiale afin de tenter de réparer de façon permanente le contexte qui les a amenés à commettre l’infraction. 

La réparation fait partie des nombreuses mesures et peines alternatives à la détention existantes qui peuvent être proposées par le procureur à un mineur auteur d’un délit ou d’une contravention. Dans le cas de la réparation, le procureur doit recueillir l’accord de la victime. Il s’agit d’une mesure éducative qui permet de faire prendre conscience à l’enfant en conflit avec la loi de son acte et de le responsabiliser pour en réparer soi-même les conséquences. Cette démarche thérapeutique permet aussi d’éviter la stigmatisation: l’image du jeune est restaurée à la fois dans son regard, parce qu’il a fait quelque chose de positif, mais aussi dans le regard de ses parents et sa communauté qui sont témoins que l’enfant a montré un autre visage à la société. 

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« Il était évident pour moi de mener ce projet. Mon intention particulière était de prendre en compte les relations qu’un enfant en détention pouvait avoir avec l’extérieur, et de tout faire pour assurer qu’il bénéficie d’une sortie la plus aménagée et sécurisée possible. »

Karim, responsable régional Antalaha

Chaque semaine à la maison centrale d’Antahala, les équipes de Grandir Dignement (GD) et de l’administration pénitentiaire (AP) organisent des sorties culturelles et sportives, – mais pas seulement !

Karim, responsable régional Antalaha, témoigne :

« L’idée du projet est d’organiser des sorties chaque mercredi pour environ 15 jeunes détenus de la maison centrale d’Antalaha (MCT) vers des collèges et lycées de la ville.

Mais ce projet va bien au-delà de cette démarche : nous remettons vraiment en question la relation des jeunes avec l’extérieur. Je leur explique que le fait d’être condamné ne signifie pas être condamné pour toute la vie. Bien qu’ils soient détenus aujourd’hui, la détention n’est qu’une période de leur vie. Nous nous posons réellement la question de ce que nous pouvons faire afin que leur sortie soit préparée au mieux.

La préparation d’un après-midi type implique une collaboration étroite entre l’un de nos travailleurs sociaux et un agent pénitentiaire. Ensemble, ils planifient les activités du mercredi en visitant les professeurs, les proviseurs et les différents lieux. La participation de l’AP est essentielle pour rendre ces sorties possibles. L’équipe éducative de l’AP est enthousiaste à l’idée de mener ce projet, même si cela comporte des risques. Des règles strictes ont été mises en place pour éviter les évasions, en impliquant l’AP dans le maintien de la sécurité. En cas de tentative d’évasion, le projet sera remis en question. Les enfants participent activement à ces sorties et sont toujours revenus avec un grand sourire, exprimant leur satisfaction et leur envie d’en faire davantage.

Le jour J, un groupe de 15 à 20 jeunes (garçons et filles) accompagné de 3 travailleurs de GD et de 2 AP se rend sur le lieu sélectionné pour l’activité. Nous avons souhaité travailler avec d’autres enfants qui ne sont pas en conflit avec la loi, ce qui nous a conduit à établir un partenariat avec plusieurs lycées et collèges qui nous accueillent le mercredi après-midi.

L’après-midi est divisé en deux temps. Tout d’abord, les jeunes participent à des discussions avec les autres étudiants, où des questions plutôt brutes sont posées : « Pourquoi es-tu en prison ? Qu’as-tu fait ? Comment passes-tu tes journées en prison ? Est-ce difficile ? ». Ces échanges sont très intéressants, car ils permettent de travailler sur les représentations et de répondre aux questions des enfants de la MCT en leur montrant que même s’ils sont en prison, ils ont le droit de jouer, de se dépenser et d’échanger avec les autres. Cette discussion vise également à réduire la stigmatisation envers les enfants en conflit avec la loi. Bien que facultative pour les étudiants, cette activité est toujours très populaire.

Ensuite, les jeunes participent à des activités sportives telles que le basket, le foot ou le volley-ball. Nous apportons notre propre équipement de sport, tels que des chasubles et un ballon, et les professeurs de gymnastique sont souvent présents pour encadrer la partie. Les jeunes sont très enthousiastes et des supporters viennent habituellement les encourager.

Il nous arrive aussi de proposer d’autres activités, telles que des visites à la bibliothèque d’un collège, où le bibliothécaire prépare un thème sur lequel les jeunes de la MCT et les étudiants du collège travaillent ensemble. Ils explorent des livres et cherchent des informations ensemble. À ce moment-là, les frontières entre les jeunes s’effacent et ils deviennent tous des enfants travaillant ensemble.

Le travail accompli en intra-muros est crucial, mais il est primordial de se demander comment préparer les sorties dans les meilleures conditions, notamment en établissant un contact avec l’extérieur. Il convient également de réfléchir à la manière de gérer les retours en famille. Il est important de prendre en compte les relations que l’enfant détenu entretient avec le monde extérieur et de tout mettre en œuvre pour garantir une sortie sécurisée et bien organisée. »

Entre le 13 et le 23 mars 2023, se sont tenues 5 réunions qui ont mobilisé les acteurs de la justice juvénile et de la protection de l’enfance des régions de Niamey, Zinder, Maradi, Dosso et Tahoua. L’objectif de ces échanges s’inscrit dans la volonté de s’engager concrètement dans la mise en place du dispositif global de prise en charge des enfants en conflit avec la loi (ECL).

Ont été invités à participer tous les acteurs de la chaîne pénale ainsi que les acteurs communautaires : le Ministère et ses représentants par départements, les directions régionales et départementales de la protection de l’enfance, les procureurs et juges des mineurs, les avocats et défenseurs commis d’office, les brigades des mineurs, les présidents des comités de protection de l’enfant, les leaders communautaires, les régisseurs des maisons d’arrêt, les travailleurs sociaux…

Au total c’est une trentaine de personne dans chacun des départements qui ont pris le temps de se réunir lors d’une journée autour de la protection de l’enfance, une première au Niger !  

Cet évènement de sensibilisation et de mobilisation des acteurs en lien avec les enfants en conflit avec la loi a particulièrement été axé sur le développement des mesures et peines alternatives à la détention (MPAD). Les invités ont pu débattre sur les différentes MPAD, leurs mises en place et lesquelles sont les plus adaptées en vue de limiter la récidive. Un temps important a aussi été dédié à la place de la communauté dans la prévention des délits et la réinsertion des ECL. 

Des conversations constructives qui ont permis, grâce aux différents partages d’expériences concrètes, de faire un plaidoyer à grande échelle pour le droit de l’enfant. 

Une réinsertion durable des enfants détenus est la finalité vers laquelle un système de justice efficient doit aspirer. Faciliter la réinsertion d’un ECL permettra de prévenir les risques de délit et de sortir les ECL d’un schéma destructeur pouvant conduire à la récidive. C’est la raison pour laquelle il est primordial pour l’enfant et pour la société que toute la communauté, ainsi que les acteurs de la chaine pénale, s’impliquent pour une réinsertion durable et réussie des enfants en conflit avec la loi. L’enfant d’aujourd’hui est appelé à être l’adulte de demain. 

Nous remercions bien évidemment toutes les personnes qui ont participé à cette journée nécessaire pour faire front commun pour le respect de leurs droits fondamentaux des enfants, le Ministère de la Justice et le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Protection l’Enfant pour leurs implications essentielles ainsi que l’UNICEF, partenaire de Grandir Dignement. 

Date Prise de poste en mai 2023

Poste : Responsable Programme Siège

Statut : CDI

Lieu de travail principal : Strasbourg

Sous la responsabilité hiérarchique directe de : Directeur adjoint

Basé à Strasbourg, le siège de Grandir Dignement supervise globalement les actions et le développement des trois délégations dans le sens du projet associatif. Sur l’aspect programmatique, partenarial et financier, la direction s’assure du bon fonctionnement général et en cohérence avec les engagements auprès des PTF. Le siège est aussi l’interface entre les équipes opérationnelles et le Conseil d’administration de l’association.

Composition du siège de Grandir Dignement :

  • Directrice/Directeur adjoint
  • DAF
  • Chargée de projet
  • Stagiaire assistant de coordination

Au sein de l’équipe du Siège, le/la Responsable programme aura les responsabilités suivantes :

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Au début de cette année 2023 une jeune fille de 16 ans, alors arrivée 8 mois auparavant en détention au quartier mineur de Niamey, a donné naissance à un garçon en très bonne santé.  

Au Niger, les frais médicaux sont à la charge des patients.
La jeune fille et sa famille ne disposant pas des ressources nécessaires pour prendre en charge les dépenses, elle ne pouvait donc pas tout régler. Face à cette situation, l’équipe terrain de GD a réussi à mobiliser les acteurs communautaires pour aider cette enfant.

C’est en effet la maison d’arrêt de Niamey et la maternité qui ont pris en charge la majeur partie des frais liés au séjour à l’hôpital ainsi que les soins médicaux de la nouvelle maman et de son enfant. Nous remercions la Fondation Wavestone, qui a accepté de fournir un appui financier, ce qui a permis de prendre en charge le nécessaire pour le nouveau né (couches, vêtements, pommades, couvertures…), ainsi que les médicaments de la mère. 

L’équipe de Grandir Dignement transmet toutes nos félicitations à la maman et est fière de pouvoir compter non seulement sur ses partenaires, mais aussi sur la communauté qui n’hésite pas à s’impliquer pour venir en aide aux enfants en conflit avec la loi !

Un beau projet a été créé entre les jeunes détenus de la Maison Centrale d’Antanimora (MCA) et les jeunes accueillis à l’accueil de jour « Av’nir » du Service d’Insertion en Milieu Ouvert (SIMO) :

Quand certains plantent, arrosent et récoltent les fraises dans l’espace de culture hors-sol de la MCA,
d’autres les lavent, les équeutent et les transforment en confiture lors de l’atelier cuisine de l’espace Av’nir.

Grâce à cette collaboration, tous peuvent profiter de bons goûters ! 🍓

Les jeunes expliquent leur recette en détail, de la graine à l’assiette :  

« Chaque matin, nous allons à l’espace de culture hors-sol pour arroser les graines que nous avons plantées. Nous enlevons les mauvaises herbes, puis nous mettons de l’engrais pour que les fraises poussent bien, comme des baobabs ! Une fois que les fruits sortent et deviennent rouges, nous les récoltons dans un sachet, que notre éducateur remet ensuite au SIMO. »

Andry, mineur détenu à la MCA

« Quand nous recevons les fraises, nous enlevons les petites feuilles et les lavons dans une cuvette. Ensuite, nous prenons une cocotte pour les cuire à feu doux. Quand ça bout, nous ajoutons du sucre, puis nous attendons que le tout refroidisse avant de le mettre au frigo dans un petit bocal. Nous partageons ensuite les pots, mais nous en donnons plus à la MCA car il y a plus de personnes là-bas. C’est bien pour eux d’avoir un goûter, car quand on est détenu, on n’a presque jamais de bonnes choses sucrées. C’est formidable même si nous ne voyons pas les autres jeunes. Nous savons tous ici que c’est difficile d’être enfermé. »

Fetra, espace Av’nir, ex-détenu à la MCA

ET VOILA LE RESULTAT :

Depuis 2019, Grandir Dignement est membre du collectif Cause Majeur.

Le Collectif Cause Majeur ! rassemble près de trente associations, collectifs et personnalités qualifiées (jeunes et professionnel·le·s) qui ont décidé de s’unir pour remettre les jeunes majeur·e·s sortant de la protection de l’enfance ou ayant été pris·es en charge par la protection judiciaire de la jeunesse au cœur des politiques publiques.

Le 14 février, Cause Majeur! a organisé, avec le soutien des députées Michèle Peyron et Isabelle Santiago, un petit-déjeuner parlementaire réunissant Charlotte Caubel, secrétaire d’État chargée de l’enfance et plusieurs autres député·e·s qui ont répondu présents à l’invitation. Ainsi les membres du collectif et quelques jeunes accompagné·e·s par ces associations ont pu échanger sur la situation des jeunes majeur·e·s en France : Grandir Dignement y était, représentée par un jeune et Maria, notre coordinatrice socioprofessionnelle à Metz !

Maria raconte : « La journée s’est très bien déroulée. Le petit déjeuner s’est déroulé de 8h20 à 10h et pendant ce temps nous avons pu écouter l’intervention de plusieurs membres de Cause Majeur qui ont expliqué le collectif et la situation des jeunes, partagé des chiffres-clés et donné des recommandations pour améliorer la situation des jeunes accompagnés par l’Aide Sociale à l’Enfance et la Protection Judiciaire de la Jeunesse.

Nous avons écouté le témoignage de plusieurs jeunes de différentes associations qui ont raconté un bout de leur histoire. Nicolas* a fait un discours d’1 minute 30, il s’est présenté, a parlé de son parcours, de la manière dont Grandir Dignement l’accompagne et l’aide dans son insertion professionnelle. Il était un peu nerveux, mais il s’est très bien débrouillé. Enfin, les parlementaires ont pris la parole.

Pendant le petit déjeuner, Nicolas était très attentif et intéressé par ce que les jeunes comme les adultes disaient.

Après le petit déjeuner, nous avons fait une promenade dans Paris, car Nicolas ne connaissait pas la ville. Nous avons marché près de la Tour Eiffel, du Louvre, Notre Dame, entre autres. À la fin de la journée, il m’a dit qu’il était très heureux d’avoir trouvé Grandir Dignement, qui non seulement l’aide dans ses affaires administratives et professionnelles, mais lui a aussi donné l’occasion de connaître Paris et d’être proche des députés et des ministres. Il était très heureux et motivé à continuer de participer dans les activités de GD !

Voici le discours qu’il a préparé : 

Bonjour, je m’appelle Nicolas***, j’ai 17 ans et je vis à Metz. J’ai étudié au lycée de Montigny-Lès-Metz où j’ai fait des études dans la menuiserie et ça m’a beaucoup plu. Je me suis potentiellement dit que ce serait mon métier de plus tard, mais j‘ai abandonné parce que je voulais découvrir de nouvelles choses.

J’ai trouvé 2 stages, un dans la menuiserie et un autre dans la maçonnerie. La maçonnerie ne m’a pas trop plu et cela m’a fait perdre un peu dans mes possibilités de formation. J’ai ensuite rencontré mon Educateur, qui se situe à Borny au PJJ – STEMO. Il m’a fait découvrir Maria et l’association Grandir Dignement. Aussitôt arrivé je me suis intégré très rapidement, j’étais à l’aise avec l’équipe des éducateurs et d’accompagnateurs et je me suis directement bien entendu avec les autres jeunes. Ceci est pour moi une chance d’avoir intégré cette association, car je peux enfin rentrer dans la vie active et le monde du travail, ainsi qu’avoir les outils nécessaires pour construire mon projet professionnel.  Avec Grandir Dignement j’ai visité un musée, moi qui n’aime pas trop ce genre d’endroits, cette fois j’ai trouvé ça très intéressant.

Merci de m’avoir écouté. 

Un grand merci au collectif Cause Majeur !
et particulièrement à Florine Pruchon, coordinatrice du collectif.

Prénom d’emprunt*

Lors d’une rencontre sur la protection de l’enfance, entre la Direction Départementale de la Protection de l’Enfance (DDPE), Save the Children et Grandir Dignement, le sujet de la précarité hygiénique des enfants en maison d’arrêt a été abordé. Touché par ce problème, le groupe de travail a pris l’initiative de faire une cagnotte qui a pu recueillir 59 500 FCFA, l’équivalent de 90€.  

Grâce à cet argent, les équipes de Grandir Dignement à Zinder ont pu acheter 292 morceaux de savon pour les enfants, deux cartons de détergents ainsi que cinq boîtes de crésyl pour nettoyer et désinfecter le Quartier mineur de la Maison d’arrêt de Zinder. 🧼

Actuellement, seulement un morceau de savon est fourni par enfant et par mois par les instances pénitentiaires. Utilisée à la fois pour l’hygiène personnelle, la lessive ainsi que le nettoyage des locaux, cette quantité s’avère être insuffisante, au détriment de l’hygiène des enfants.

Ces dons ont ainsi permis l’achat de denrées capitales, c’est pourquoi toute l’équipe de Grandir Dignement tient à remercier les personnes ayant participées à cette collecte ainsi que les instances locales pour cette belle initiative. 🤝

Le poste à pourvoir est un CDD de 12 mois (reconductible), basé à Metz, au sein d’une équipe dynamique et bienveillante !

Pour candidater, il suffit d’envoyer un CV et une lettre de motivation avant le 28 février à :

engagement@grandirdignement.org

et

sophie.remy@grandirdignement.org

Plus d’info ci-dessous :

Grandir Dignement recrute !

Le poste à pourvoir est un CDD de 12 mois (reconductible), basé à Nancy, au sein d’une équipe dynamique et bienveillante !

Pour candidater, il suffit d’envoyer un CV et une lettre de motivation avant le 20 février à :

engagement@grandirdignement.org

et

sophie.remy@grandirdignement.org

Plus d’info ci-dessous :